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LA SYMÉTRIE ET L'ANTITHÈSE DANS LE THÉÂTRE TRAGIQUE D'ISAAC DE BENSERADE (11)

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                                                                                                                                                    CONCLUSION         La raison qui fait que la symétrie plaît à l'âme, c'est qu'elle épargne de la peine, qu'elle la soulage et qu'elle coupe pour ainsi dire l'ouvrage par la moitié.                                                                                                                           (Montesquieu)       En guise de synthèse, on dira que la figure de l'antithèse accompagnée par la symétrie renvoie à des archétypes et à des universaux de la psyché humaine mais aussi à des structures de l'altérité qui représentent un mélange de fascination et de répulsion. Le héros à qui le miroir est tendu n'y trouve pas seulement une image déformée mais aussi trompeuse, croit-il. Ainsi, il se confronte au pire des maux, celui qui est causé par le bien, si bien qu'il n'arrive p

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b) l'altérité et la dualité des personnages Tout le travail précédent nous conduit à cette jonction-ci. Toute l'analyse antérieure se réfère à la polarité et à la symétrie, autant entre les personnages qu'en eux-mêmes et avait pour but de préparer le terrain pour un examen plus important - celui du double, se présentant à nous sous forme de l'alter ego du personnage qui ne lui est pas forcément complémentaire, comme c'est souvent le cas, mais opposé. Ce double provient du langage, en quelque sorte, et est traduit par le langage antithétique même. Il y a un constant va-et-vient entre les paroles des personnages et leur monde intérieur. Mais il faut mettre en garde par rapport à la figure du double dans le texte. Nous ne traiterons pas ici le double physique, pas dans le sens que lui donne la littérature du XIXe siècle, aucunement. Nous allons nous intéresser au double langage qui traduit l'antithèse existant entre deux (ou plusieurs) personnages qui se r

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                        LE PERSONNAGE ET SON OMBRE  a) la fatalité intérieure et le monde extérieur     Il n'y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure: vient une minute où l'on se découvre vulnérable; alors les fautes vous attirent comme un vertige.                                                                                                               (Antoine de Saint-Exupéry)  Les tragédies de Benserade, en ce qui concerne la source des malheurs pour les héros, se rapprochent beaucoup des tragédies raciniennes. Il y aune fatalité extérieure à lui-même, une puissance ou des puissances invicibles qui conjurent à sa perte. Le héros meurt sans comprendre que son malheur ne réside pas  en dehors de lui mais en lui, en sa façon de voir et de vivre les choses. Car chez Benserade, l'enfer, ce ne sont pas les autres mais le moi . La faute, en revanche, est systématiquement rejetée sur l'autre. Antoine accuse Octave et non p

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L'ABIME A L'INTERIEUR DES PERSONNAGES b) le vouloir et le pouvoir: deux principes antinomiques "L'homme s'épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes de mort : VOULOIR et POUVOIR. Entre ces deux termes de l'action humaine, il est une autre formule dont s'emparent les sages, et c'est à elle que je dois le bonheur de ma longévité. Vouloir nous brûle, et pouvoir nous détruit; mais SAVOIR laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme. Ainsi le désir ou le vouloir est mort en moi, tué  par la pensée et le mouvement où le pouvoir s'est résolu par le jeu naturel de mes organes. En deux mots, j'ai placé ma vie non dans le coeur qui se brise, non dans les sens qui s'émousse